publié le 22 octobre 2012
Sables bitumineux Quelle urgence de renverser le flux du pipeline d'Enbridge?
Par Mélanie Loisel | Agence QMI
Depuis quelques semaines, Enbridge mène une grande campagne de séduction, à coup de publicités et de rencontres avec les citoyens, pour mieux faire connaître son projet de renverser le flux de son pipeline qui permettra d'acheminer au Québec du pétrole de l'Ouest canadien.
Alors que son projet de pipeline Northern Gateway est vivement dénoncé en Colombie-Britannique, de nombreux observateurs se demandent quel est le véritable intérêt d'Enbridge de renverser le flux de son pipeline? Quelle est l'urgence de le faire maintenant?
Le directeur général d'Équiterre, Steven Guilbault, est convaincu que les réelles intentions d'Enbridge est d'acheminer du pétrole des sables bitumineux aux États-Unis et pas seulement, pour desservir les raffineries de Montréal et de Québec.
«On sait que des représentants du consulat canadien et de Montréal Pipeline sont allés rencontrer des représentants dans le nord-est des États-Unis pour promouvoir l'arrivée des sables bitumineux», mentionne monsieur Guilbault.
Chez Montréal Pipeline, le porte-parole Denis Boucher confirme qu'il y a bel et bien eu une rencontre avec le gouverneur du Vermont, mais qu'il n'y a pas eu de discussions sur le projet d'Enbridge. «Enbridge ne nous a pas fait de demandes formelles d'inverser notre le flux de notre pipeline qui va de Portland au Maine à Montréal», affirme monsieur Boucher. « Mais techniquement, c'est possible d'acheminer le pétrole de l'Ouest aux États-Unis si le pipeline d'Enbridge est renversé et si le nôtre l'était aussi », ajoute-t-il.
Enbridge maintient que son projet vise uniquement à desservir l'Est canadien et qu'il n'a pas discuté avec Montréal Pipeline pour acheminer du pétrole aux États-Unis. « On a déjà des pipelines dans l'Ouest qui se rendent à Chicago et qui peuvent fournir la Pennsylvanie et New York », affirme monsieur Kenneth Wall porte-parole d'Enbridge.
L'urgence de renverser le pipeline numéro 9 serait surtout attribuable aux compagnies pétrolières qui exploitent les sables bitumineux en Alberta. L'industrie cherche de nouveaux débouchés en raison des controverses entourant le projet de Northern Gateway, qui vise à construire un pipeline de l'Alberta au port de Kitimat en Colombie-Britannique, en vue d'exporter le pétrole en Asie.
Ce projet est, par contre, vivement dénoncé dans l'Ouest canadien par les environnementalistes, les Première Nations et la société civile.
Devant ce blocus, les compagnies pétrolières commenceraient donc à s'intéresser au renversement des flux des pipelines comme le projet d'Enbridge et même au prolongement du pipeline de Transcanada jusqu'à Montréal pour pouvoir exporter le pétrole en Asie via la côte est plutôt que la côte ouest.
Une dizaine de compagnies dont Total, Suncor, Nexen et les chinoises Sinopec et Cenovus, étaient d'ailleurs prêtes à faire un partenariat avec Enbridge pour être propriétaires à 50% du pipeline Northern Gateway dans l'Ouest canadien.
Ces compagnies y voyaient l'occasion de pouvoir s'approvisionner à plus bas prix. Alors est-ce que le pipeline numéro 9, dont le pétrole passera éventuellement par le Québec, pourrait être leur seul point de salut ?
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