mercredi 3 avril 2013

États-Unis : deux accidents importants de pétrole-dossier Le Monde.fr


Etats-Unis : des fuites de pétrole avivent la controverse sur le projet Keystone XL


Le Monde.fr |  • Mis à jour le 


Pour les opposants au projet de pipeline géant Keystone XL aux Etats-Unis, l'accident tombe à point nommé. Des milliers de barils de pétrole brut se sont répandus près de la ville de Mayflower, dans l'Arkansas, après la rupture d'un oléoduc, vendredi 29 mars. Cette pollution, qualifiée de "déversement majeur" par l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), intervient alors qu'une controverse oppose les partisans et les adversaires de la construction de l'oléoduc Keystone XL pour transporter vers les raffineries du golfe du Mexique le pétrole extrait des sables bitumineux du Canada.


Exxon Mobil poursuivait lundi ses opérations de nettoyage, après la fermeture de l'oléoduc, samedi. Le pipeline Pegasus transporte plus de 90 000 barils par jour de brut canadien entre Pakota (Illinois) et Nederland (Texas). Le porte-parole d'Exxon, Alan Jeffers, a déclaré dimanche qu'il fallait creuser le terrain à l'endroit où s'est produit la fuite pour pouvoir estimer le temps qu'il faudrait pour la réparer et quand pourrait rouvrir l'oléoduc. "Des fouilles sont nécessaires pour déterminer la cause de l'incident", a-t-il expliqué.

"PAS DE RISQUE POUR LA SANTÉ"
Exxon n'a pas fourni d'estimation précise de l'ampleur de la fuite, indiquant que 12 000 barils de pétrole et d'eau avaient été récupérés dimanche, contre 4 500 la veille, sans préciser quelle était la part de pétrole et la part d'eau. Elle a par ailleurs annoncé avoir mis en oeuvre les moyens nécessaires pour répondre à une fuite de 10 000 barils.

"La qualité de l'air ne présente probablement pas de risque pour la santé humaine",a assuré Exxon dans un communiqué. Vingt-deux habitations ont toutefois dû être évacuées. "Du pétrole a été enlevé dans la rue. Il y a toujours des traces de pétrole, ça colle exactement comme nous faisons avant de mettre une couverture d'asphalte", a déclaré le juge du comté de Faulkner, où a eu lieu la fuite.
Les équipes de secours tentent de nettoyer le pétrole échappé du pipeline Pegasus, dans l'Arkansas, dimanche 31 mars.
C'est la deuxième fois en une semaine que du pétrole en provenance du Canada provoque une pollution aux Etats-Unis.

 Mercredi 27 mars, le déraillement d'un train long de plus d'1,5 km, dont les wagons transportaient du brut canadien, a déversé plus de 113 000 litres de pétrole dans un champ du Minnesota. "Le Minnesota connaît un printemps tardif et le site de l'accident est encore gelé et couvert deneige, ce qui a permis d'éviter que le pétrole ne pénètre dans le sol ou coule plus loin", a déclaré Dan Olson, porte-parole de l'Agence de contrôle de la pollution du Minnesota. "L'accident ne menace en aucune façon les eaux de surface ou souterraines", a-t-il ajouté.
"CARBURANT CORROSIF ET POLLUANT"
Ces deux incidents donnent du grain à moudre aux adversaires du projet d'oléoduc Keystone XL, d'une capacité prévue de 830 000 barils par jour. Les écologistes, qui ont organisé de nombreuses manifestations contre le projet, soulignent notamment la nature plus corrosive du pétrole issu des sables bitumineux pour les oléoducs. "Qu'il s'agisse du projet Keystone XL ou (...) de ce problème en Arkansas, les Américains se rendent compte que transporter de grandes quantités de ce carburant corrosif et polluant n'est pas un bon pari pour les contribuables et pour notre environnement", a déclaré Ed Markey, un représentant démocrate du Massachusetts.
Le département d'Etat américain a publié, début mars, un rapport estimant que Keystone XL ne devrait pas avoir de conséquences majeures pour l'environnement. L'Etat américain du Nebraska, que l'oléoduc doit traverser, avait approuvé fin janvier un nouveau tracé pour le pipeline, jugé plus respectueux de l'environnement.
Le rapport souligne toutefois que Keystone devra respecter toutes les mesures qu'il s'est engagé à prendre pour éviter de nuire à l'environnement et pointe que 24 espèces protégées ou menacées pourraient pâtir de l'oléoduc en raison de la diminution de leur habitat ou de difficultés supplémentaires pour se nourrir. L'étude avance également que des fuites de pétrole pourraient affecter des rivières, des lacs ou des mares sur le trajet de l'oléoduc "et les écosystèmes qui en dépendent". Mais "des fuites liées au projet proposé qui affecteraient l'environnement devraient être rares et relativement peu importantes", poursuit-elle.
La publication de ce rapport a ouvert une période de quarante-cinq jours de consultation publique, à l'issue de laquelle Washington devrait décider d'accorderou non le feu vert à la construction de cet oléoduc d'un coût de 5,3 milliards de dollars (4,1 milliards d'euros), vivement souhaitée par le Canada. 

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