Ajout du 17/03/2009 : protection contre la corrosion
La présidente de Shell Canada, Lorraine Mitchelmore, a expliqué dans un communiqué que la pétrolière n'a pas réussi à s'entendre sur la valeur des installations avec les deux acheteurs potentiels qui avaient été identifiés par un comité spécial dirigé par l'ancien ministre conservateur Michael Fortier. «L'écart entre certaines des conditions avancées et nos exigences est beaucoup trop grand pour pouvoir envisager de façon réaliste la conclusion d'une entente sur la vente de la raffinerie, a-t-elle expliqué. Par conséquent, nous allons suivre notre plan et transformer la raffinerie en terminal.» . Le ministre du Développement économique, Clément Gignac, s'est dit «surpris» par la décision de la pétrolière. M. Gignac n'a pas mis en doute la bonne foi de l'entreprise mais il a souligné que la pétrolière a fait part de sa décision seulement quelques jours après avoir reçu des propositions d'acquéreurs.
Selon le ministre, l'entreprise a un devoir de pédagogie pour expliquer les raisons qui l'ont mené à cette conclusion.«Shell a un certain fardeau de la preuve pour expliquer sur la place publique pourquoi ils ont suspendu les discussions, quelques jours seulement après le dépôt de lettres d'intention, a-t-il dit. Je n'ai pas de raison de douter de leur bonne foi, même si j'ai été un peu surpris.»
M. Gignac a affirmé qu'il avait discuté avec les dirigeants de la pétrolière, qui ont confirmé avoir contacté les deux acquéreurs potentiels. «La haute direction m'a assuré qu'il y avait eu des discussions directes avec les acheteurs potentiels», a-t-il dit. Le syndicat des employés de la raffinerie montréalaise a exprimé sa déception, jugeant que Shell n'avait pas consacré suffisamment d'efforts à la négociation. Constatant la manière expéditive avec laquelle Shell a jugé les offres irrecevables, le président du syndicat, Jean-Claude Rocheleau, a manifesté son incompréhension. «Ils nous disent qu'ils mettent un terme aux discussions, alors que ça ne fait que deux jours qu'ils ont ça entre les mains et qu'il n'y a pas eu de négociation intensive avec les acheteurs qui sont là.» M. Rocheleau a estimé que la pétrolière doit retourner à la table de négociation afin de conclure une entente avec un éventuel repreneur. «Je pense que c'est précipité, a-t-il dit. C'est 240 millions $ en retombées économiques pour l'est de Montréal, une raffinerie. Je ne pense pas qu'un dossier de cette envergure peut se terminer ainsi.»
Après avoir tenté en vain de trouver un acheteur pendant six mois l'an dernier, Shell a annoncé en janvier son intention de convertir sa raffinerie en centre de distribution, où seulement 30 personnes seront employées. À la suite de pressions exercées par le syndicat, un comité dirigé par M. Fortier a été formé pour contacter une centaine d'acquéreurs potentiels à travers le monde. Un premier acheteur avait manifesté un intérêt, la semaine dernière, et un deuxième avait fait de même mardi, jour même de l'échéance fixée par la pétrolière pour le dépôt de lettres d'intention.
La fin des activités de la raffinerie de Shell à Montréal-Est, qui produit plus de 130 000 barils de brut par jour, s'inscrit dans la stratégie de la pétrolière, qui souhaite concentrer ses activités sur l'extraction et se départir de tous ses actifs dans la transformation. La députée péquiste Nicole Léger, qui représente la circonsciption où la raffinerie est située, a affirmé que le gouvernement doit exercer des pressions sur Shell pour que l'entreprise retourne à la table de négociation.«Est-ce qu'ils veulent vraiment vendre, a-t-elle demandé. Ils ont deux acheteurs sérieux, alors il y a un problème. C'est le gouvernement de l'économie, alors qu'il le prouve.»
UN ASPECT CRUCIAL DANS LA VENTE DE LA RAFFINERIE SHELL
. 03-06-2010
www.lesaffaires.com
Les heures passent et on attend toujours de savoir sir le miracle espéré va se produire... pour garder active la raffinerie que Shell a décidé de fermer dans l'est de Montréal.
Pourtant, des acheteurs se sont manifestés. Shell a laissé entendre que ce qu'elle a reçu comme offre -jusqu'à présent- ne convenait pas. On serait porté à se dire, « oui, mais c'est sûrement mieux que rien, pourquoi ne prennent-ils pas le chèque » ?
Parce qu'on oublie un gros morceau. Ceux qui veulent acheter la raffinerie doivent théoriquement acheter en même temps les obligations qui vont avec, dont celle-ci, énorme : prendre en charge les inévitables coûts de décontamination qui vont s'imposer un jour ou l'autre.
Cette raffinerie est située au milieu d'un immense terrain et elle fonctionne depuis 75 ans. Qui plus est, dans les années 1950, on faisait moins attention à l'environnement. Pouvez-vous imaginer à quel point la terre a été contaminée ? Pouvez-vous imaginer l'ampleur de la facture de la décontamination ?
Shell l'imagine. Les acheteurs aussi. Ce qui veut dire qu'on doit actuellement discuter ferme du partage des responsabilités. Est-ce qu'en vendant, Shell va pouvoir s'en laver les mains ? Ou, au contraire, lui demande-t-on de conserver une part de responsabiités ? Les gouvernements peuvent-ils s'en mêler ? Et est-ce que la volonté originale de Shell de rester quand même propriétaire des lieux, convertis en terminal, vise aussi à retarder le démantèlement, donc la décontamination ?
C'est là un enjeu crucial qui se retrouve certainement au coeur des ultimes tractations. La question environnementale ne peut être esquivée. Qui, ultimement, assumera la facture ?