Du pétrole provenant des sables bitumineux à Montréal?
Le transporteur de pétrole a tenu une consultation publique à l'église Saint-Octave de Montréal-Est, le 2 octobre dernier. Quelque 35 personnes se sont déplacées pour l'occasion, dont des membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Le projet d'Enbridge, qui est d'inverser le flot du pétrole de l'ouest vers l'est, plutôt que de l'est vers l'ouest comme c'est le cas depuis les années 90, est évalué à 100 M$ et serait effectif en 2014. Il devra être approuvé par l'Office national de l'énergie pour se réaliser.
Concrètement, cela lui permettrait de transporter du pétrole de l'Ouest canadien jusqu'en Ontario, pour ensuite être expédié à Montréal.
Actuellement, il est prévu que l'entreprise transporte du pétrole considéré « léger » qui proviendrait de la compagnie Bakken, basée en Alberta.
Mais rien n'exclut que Suncor manifeste un intérêt pour raffiner du pétrole provenant des sables bitumineux dans quelques années, souligne le directeur des relations communautaires de la région de l'Est pour Enbridge, Ken Hall. Elle serait la seule raffinerie dans la mire puisque Enbridge dit ne pas avoir l'intention de transporter ce type de pétrole jusqu'à Montréal pour être ensuite acheminé aux États-Unis, par exemple.
Cependant, la raffinerie Suncor devrait débourser environ 5 M$ pour être en mesure de fragmenter ce pétrole avant de le faire acheminer dans l'oléoduc, explique M. Hall.
Risques de fuite
Selon M. Hall, il n'y a pas plus de risques de fuite en transportant du pétrole provenant des sables bitumineux que tout autre type de pétrole dans l'oléoduc.
« On est capable de le faire. Ça fait 40 ans qu'on transporte du pétrole qui provient des sables bitumineux dans un autre système, puis on n'a aucune preuve qui dit que ce pétrole est plus abrasif, plus corrosif sur la pipeline que le pétrole léger », affirme-t-il.
Depuis la construction de l'oléoduc en 1976, un seul déversement a eu lieu à Mirabel dans le rang Saint-Joachim, en 1988. Cet incident serait survenu en raison d'une roche qui avait endommagé le tuyau.
M. Hall indique qu'un système de surveillance a été mis au point pour inspecter l'état de l'oléoduc. « Si tu en prends soin, l'oléoduc peut durer 300 ans. L'intérieur est toujours lubrifié. Si un tracteur passe au-dessus du tuyau et fait une pression avec une roche, ça prendrait des années avant de se dégrader », élabore-t-il.
L'oléoduc parcourt 831 km entre Sarnia en Ontario et Montréal, passant par Terrebonne, Sainte-Anne-des-Plaines, Mirabel, Saint-Benoît, généralement à travers des terres privées.
Le tuyau est enfoui à trois pieds dans le sol. Le pétrole circule à une vitesse de 1300 m3 à l'heure. Le volume transporté est de 240 000 tonnes par année et pourrait passer à 300 000 avec le projet d'inversion.