Le projet de renversement de débit du pipeline Portland-Montréal suscite de l'inquiétude
Députés et élus municipaux demandent à Québec d'ordonner des audiences publiques
La compagnie Montréal Pipe-Lines projette de changer la direction dans laquelle le pétrole brut circule dans une des conduites de son oléoduc qui relie Montréal et Portland au Maine. Le but poursuivi par l'entreprise serait de permettre l'acheminement vers les États-Unis de pétrole en provenance de l'Alberta. Toutefois, la plupart des intervenants admettent en connaître bien peu sur le projet, Montréal Pipe-Lines n'ayant jamais eu à s'expliquer sur la nature de son projet. Les députés, tant à Québec qu'à Ottawa, et les élus municipaux sensibilisés à ce dossier sont inquiets et demandent à la ministre de l'Environnement, Lyne Beauchamp, de tenir des audiences publiques.
«Le principe de précaution doit s’appliquer dans l’utilisation du pipeline Montréal-Portland. Nous ne pouvons nous permettre qu’un accident vienne polluer notre environnement », affirme Christian Ouellet, député de la circonscription fédérale de Brome-Missisquoi et instigateur de la Coalition des élus du corridor de l’oléoduc Montréal-Portland.
Le député avait convoqué une rencontre des élus des municipalités où passe l'oléoduc le 17 décembre et les participants, dont le maire de Saint-Césaire, Serge Gendron, se sont entendus pour demander à la ministre Lyne Beauchamp d'exiger la tenue d'audiences publiques du Bureau des audiences publiques sur l'environnement BAPE.
Bien que l'oléoduc soit de juridiction du gouvernement canadien, les députés d'Iberville (Québec) et de Chambly-Borduas (Ottawa), Marie Bouillé et Yves Lessard estiment que le BAPE serait le meilleur organisme pour obtenir les informations de la compagnie et analyser son projet. Les députés se joignent ainsi aux groupes environnementalistes Équiterre et Nature Québec qui tentent d'alerter les milieux concernés depuis quelques mois déjà et qui demandent à la ministre de l'Environnement du Québec d'intervenir.
Marie Bouillé est particulièrement inquiète, surtout depuis qu'elle a appris qu'un déversement a eu lieu à Saint-Césaire il y a quelques années. «La compagnie procède à la pièce. Elle demande des permis ici et là, mais personne ne connaît vraiment la teneur de son projet global. Il faut que la compagnie présente son plan d'ensemble et, pour ça, il faut des audiences publique du BAPE», insiste Mme Bouillé. Elle ajoutait qu'il est ironique de voir le premier ministre Charest et la ministre Beauchamp, qui sont à Copenhague (elle faisait cette déclaration pendant le Sommet sur le climat) s'en prendre au premier ministre Harper qui protège les sables bitumineux de l'Alberta, alors qu'eux-mêmes s'apprêtent a permettre un projet de Montréal Pipe-Lines qui fera transiter le même pétrole vers les États-Unis.
Yves Lessard lui craint que le pipeline, vieux de 61 ans (il date des années 1940) soit trop vétuste pour accepter plus de pression et un pétrole de densité différente, en plus de l'inversion de la circulation du pétrole dans la conduite.
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