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COMMUNIQUE DE PRESSE
Catastrophe écologique en terre de Crau
Vendredi 7 août, pour des causes encore indéterminées, la fuite d'un oléoduc a entraîné
la propagation de 4 000 m3 de pétrole brut sur cinq hectares de terres protégées. Au delà
de l'impact écologique, un vrai désastre pour la Réserve Naturelle des Coussouls de
Crau, c'est aussi la sécurité de ce type d'installation qui est en cause.
La catastrophe
L’oléoduc impliqué dans la catastrophe relie Fos-sur-Mer à Lyon puis l’Allemagne. Il sert au
transport de pétrole brut de la Société du Pipeline Sud-Européen (SPSE), qui alimente les
raffineries de Feyzin (région lyonnaise) et l'Europe du Nord.
L'incident est survenu le vendredi 7 août, aux environs de 7h30. C'est un garde de la Réserve
Naturelle qui a donné l'alerte, après avoir aperçu "un geyser de pétrole de trois à quatre
mètres de hauteur".
Pour limiter la fuite, les vannes ont été fermées par la société, en amont et en aval d'un
tronçon de 20 kilomètres. Cette fuite a été totalement maîtrisée en fin de matinée. Les
opérations de récupération de fuel lourd dans le pipeline se sont alors poursuivies jusqu’en fin
d'après-midi. Quant à l’excavation des terres polluées, elle devrait s'étaler sur plus d'un mois.
La mise en place de la cellule de crise
Une cellule de crise a immédiatement été activée par la préfecture des Bouches-du-Rhône. En
une heure, un impressionnant dispositif était engagé sur place afin de quadriller et sécuriser la
zone. Le Préfet délégué à la Sécurité et à la Défense a dépêché sur place des moyens
d’intervention spécialisés des pompiers (5 véhicules et 15 pompiers), des unités militaires de
la sécurité civile, ainsi que les services techniques et administratifs (Equipement, DDAF,
DDASS, DRIRE).
Toutes les autorités concernées se sont ensuite réunies en Mairie pour gérer au mieux la
situation et faire le point sur l’évaluation des risques, le périmètre de sécurité, les actions à
mettre en place...
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Très vite, les risques d'explosion ont été écartés, tout comme les risques sanitaires. Selon les
premières constatations, cet incident ne devrait avoir aucune conséquence sur la qualité de
l’air et de l’eau. Du fait de la nature visqueuse du pétrole brut, de la nature imperméable du
sol, d'un temps sec et de la profondeur de la nappe phréatique située à plusieurs mètres de la
surface, il ne devrait y avoir aucun risque que cette dernière soit affectée. Cependant, la
vigilance demeure, et des tests seront régulièrement réalisés.
Sur le plan économique, l'incident ne posera aucun problème d'approvisionnement en pétrole
dans le Nord de l'Europe, "une solution de repli ayant immédiatement été mise en œuvre par
la société".
Le déplacement de la Secrétaire d'Etat à l'Ecologie
Chantal Jouanno, Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, a tenu à faire le déplacement pour
participer à la cellule de crise et se rendre sur les lieux de l’incident, où elle notamment pu
s'entretenir avec les responsables de la SPSE. Elle n'a pas hésité à qualifier cet accident de
"vrai désastre écologique puisqu'on est sur une réserve naturelle, un site qui abrite des
espèces rares". Une biodiversité dont elle avait d'ailleurs vanté les mérites, en mai dernier,
quand elle s'était rendue sur place pour valider un projet unique en Europe notamment destiné
à favoriser les conditions de reconstitution des Coussouls.
Le désastre écologique
En 2001, 7 400 hectares de Coussouls de Crau ont été classés Réserve Naturelle. La plaine de
Crau, terre d’exception, est également inscrite au réseau Natura 2000 aux titres des directives
Oiseaux et Habitats.
La Réserve Naturelle abrite un écosystème remarquable, tant du point de vue faunistique que
floristique. Cet écosystème est fragile, avec des espèces rares et menacées de disparition telles
que le Criquet de Crau, le Lichen Crustacé, qui n'existent nulle part ailleurs dans le monde, le
lézard ocellé, le Ganga Cata, un oiseau que l’on ne trouve en France que dans la plaine de
Crau, l'Outarde Canepetière, le Faucon Crécerellette...
Sur le plan pastoral, les paysages sans fin de la Crau sont parcourus depuis des millénaires par
les bergers et leurs troupeaux. Par ailleurs, l’activité ancestrale du pastoralisme contribue à
maintenir l’équilibre fragile qu’il existe entre l’agriculture et l’environnement.
Avec cinq hectares ravagés (selon un relevé GPS effectué à la demande des gestionnaires de
la Réserve Naturelle), l'impact écologique est désastreux et irréversibles. Sur la zone affectée,
des mois seront nécessaires à la dépollution du sol, qui restera à jamais souillé. Par ailleurs,
nul ne connaît encore l'impact final des nuisances liées à l'évacuation. En effet, les terres
polluées doivent être récupérées sur une profondeur de plusieurs dizaines de centimètres,
avant d'être acheminées vers les centres de traitement spécialisés. Cela suppose, sur plusieurs
semaines, une importante circulation d'engins motorisés : camions, pelleteuses… Le risque,
pour les espèces protégées, consiste en une dégradation accrue de leur environnement naturel,
et notamment de leur chaîne alimentaire.
Le désastre aurait pu être pire s'il était intervenu en période de nidification, car cela a permis
aux oiseaux de ne pas être mazoutés.
Les suites de l'affaire et la colère du Maire
Une enquête a été ouverte par le parquet de Tarascon et confiée à la gendarmerie pour
déterminer l'origine de la rupture de l'oléoduc.
La ville de Saint Martin de Crau a décidé de déposer une plainte pour pollution de zone
naturelle, accompagnée d'une demande de réparation de préjudice. A ce sujet, le Maire ne
décolère pas : "Après nous être battus des années durant pour préserver notre belle réserve,
nous refusons d'assister sans rien faire à sa destruction. Dès l'annonce de la catastrophe, je
me suis rendu sur place pour constater les dégâts. Ensuite, lors du déclenchement de la
cellule de crise, nous avons apporté tout notre soutien et nos moyens pour que la Préfecture
puisse mettre son dispositif en place. Désormais, il nous reste à attendre les conséquences
réelles de cette marée noire sur la zone, mais ce qui nous préoccupe, c'est surtout l'avenir !
En sous-sol, la Crau compte un réseau important de pipelines, dont certains ont plus de 40
ans. A l'époque, nous n'avions pas notre mot à dire, on nous garantissait seulement que toutes
les mesures de surveillance étaient prises pour prévenir les drames ! On voit aujourd'hui le
résultat ! Désormais, des enquêtes publiques existent avant l'implantation de tout projet, mais
sommes-nous vraiment entendus ? Les collectivités sont consultées pour rendre un avis, mais
n'ont aucun pouvoir décisionnel, c'est insupportable ! Nous ne voulons pas que ce genre de
désastre ce reproduise. Qu'adviendra-t-il si une telle catastrophe survient dans d'autres lieux,
Réserve Naturelle ou habitations ?! Si demain des vérifications mettent en évidence la vétusté
des réseaux, va-t-on, comme par le passé, creuser à nouveau dans la Réserve Naturelle,
traversée par plusieurs pipeline et gazoducs ? L'intérêt général passera-t-il avant la
protection de la nature dans notre Réserve, unique steppe d'Europe ? Va-t-on autoriser de
nouveaux travaux dans cette zone protégée, alors que l'on nous oppose la défense de
l'environnement sur des terrains industriels, non classés, en mettant en péril la création
d'emplois ? (…) Pour toutes ces raisons, nous nous opposerons à toute tentative de traversée
de la Réserve Naturelle (…). Une fois de plus, l'image exemplaire de notre commune est
écornée ! Je compte pour cela, et pour la valeur d'exemple, demander réparation, même si,
comme je le pense, cette catastrophe n'était pas intentionnelle".