mardi 4 mai 2010

Une réflexion sur le projet Trailbreaker

lien et source web :
http://environnement.ca.msn.com/chroniques/chronique-article.aspx?cp-documentid=24115739

Trailbreaker
Par Éric Darier, Directeur de Greenpeace au Québec en sabbatique, 3 mai 2010

Trailbreaker?
Cela pourrait être un personnage-robot de dessin animé des années 1980. Au Québec, un de ses personnages, s'appelait d'ailleurs « Glouton ». Mais non... on ne parle pas de cela ici, quoique le nom de « Glouton » pourrait être une piste pour comprendre ce dont il s'agit!
« Trailbreaker » est un mot en anglais composé de deux noms : « trail » qui veut dire « sentier » ou « chemin », et de « breaker » qui peut signifier littéralement « casseur », mais qui, ici, signifie : « ouvreur de chemin ». Peut-être que la traduction de « casseur de chemin » serait plus appropriée pour décrire ce dont je veux vous entretenir aujourd'hui, mais j'anticipe peut-être trop.
Trailbreaker : un projet pétrolier
Les compagnies Enbridge et Montreal Pipeline qui se spécialisent dans le transport d'énergie fossile comme le gaz naturel et le pétrole voudraient bien faire transiter par le Québec le pétrole sale des sables bitumineux de l'Alberta et peut-être même en vendre. Comment?
Il existe déjà un oléoduc qui va de Portland sur la côte estEst des États-Unis à Sarnia en Ontario en passant par l'Estrie et Montréal. Cet oléoduc qui existe depuis les années 1940 était un des moyens d'approvisionnement en pétrole du Québec durant la Seconde Guerre mondiale.
L'industrie pétrolière des sables bitumineux voudrait bien pouvoir utiliser l'oléoduc pour vendre le pétrole de l'Alberta. La solution suggérée par Enbridge est de renverser le flot de l'oléoduc (vers l'Est). Pour y arriver, Enbridge et Montreal Pipeline voudraient construire une station de pompage à Dunham dans les Cantons de l'Est (Mansonville) afin que le pétrole puisse franchir les monts Sutton. Plusieurs municipalités des Cantons de l'Est s'inquiètent à juste titre de l'impact de ce projet et en particulier des risques de déversement de pétrole dans la nature.
Il est vrai que l'oléoduc a environ 70 ans et n'est plus tout jeune. Quelque 30 millions de litres de pétrole pourraient y passer chaque jour. Imaginez... En une seule heure d'un déversement possible, quelque 1 200 000 litres de pétrole pourraient se retrouver dans la nature. D'ailleurs, la liste des accidents d'oléoducs est assez bien fournie malheureusement.
Glouton pétrolier contre David
Il est assez ironique que la traduction au Québec de l'un des personnages du dessin animé Trailbreaker soit Glouton! Un glouton est un mammifère omnivore particulièrement féroce plus connu au Québec sous le nom de carcajou. Au sens figuré, un glouton signifie aussi : « qui désire quelque chose avec avidité; qui manifeste de l'avidité » (dictionnaire ). Par conséquent, le terme glouton définit bien l'industrie du pétrole des sables bitumineux de l'Alberta qui voudrait faire entrer au Québec ce pétrole particulièrement sale d'un point de vue environnemental (son extraction requiert en moyenne trois à cinq fois plus d'énergie que du pétrole conventionnel) ou le faire transiter par le Québec pour le vendre aux États-Unis.
Un groupe de municipalités, députés et de groupes écologistes exige du gouvernement du Québec la tenue d'une enquête du Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) avant que le projet de 346 millions de dollars voit le jour. Greenpeace soutient cette demande de BAPE et demande que toute la lumière soit faite sur ce projet. Les citoyens et citoyens peuvent aussi signer (avant le 27 mai) une pétition sur le site de l'Assemblée nationale.
Où est Jean Charest?
Mais où est donc Jean Charest sur ce dossier? Rappelons qu'il est est non seulement premier ministre, mais aussi député élu dans les Cantons de l'Est. Son gouvernement s'est engagé à ce que le Québec réduise d'au moins 20 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020. Il faudrait faire un peu preuve de cohérence! On ne peut pas faire, un jour, de grand discours sur les changements climatiques pour le lendemain faire la promotion et autoriser un projet comme Trailbreaker qui va à l'encontre des déclarations de la veille!
Il faut que le Québec devienne indépendant des énergies fossiles. Comme le démontre le livre du professeur Normand Mousseau, l'avenir du Québec passe par l'indépendance énergétique, c'est tout à faire faisable. Encore, faudrait-il que le gouvernement du Québec ait une vision cohérente à cette fin!
Le projet Trailbreaker retarderait encore la fin à notre dépendance gloutonnière au pétrole. C'est pour cela qu'on doit dire NON à Trailbreaker. Les Cantons de l'Est et tout le Québec méritent mieux.
Pétition pour une demande d'enquête du BAPE sur le projet Trailbreaker (date limite 27 mai 2010).
Site Facebook sur Trailbreaker.
Site du film sur les sables bitumineux en Alberta (en anglais).

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