lundi 7 mars 2011

Le Texas s'oppose au pipeline du sable bitumineux

Contre un pipeline entre l'Alberta et Houston

source :http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/312595/contre-un-pipeline-entre-l-alberta-et-houston
L'exploitation des très polluants sables bitumineux de l'Ouest canadien est à nouveau contestée. Cette fois, une coalition de groupes opposés à l'extraction de ce «pétrole sale» vient de lancer une campagne publicitaire pour tenter de convaincre le président américain de rejeter le projet d'un pipeline qui permettrait d'amener du pétrole albertain jusqu'à Houston.

La campagne en question se base essentiellement sur un clip vidéo qui souligne que si le président Obama n’a pas été en mesure d’empêcher la récente catastrophe environnementale dans le golfe du Mexique, il peut encore stopper «le prochain désastre pétrolier».

Ce désastre, selon les écologistes, c’est la construction d’un pipeline par l’entreprise TransCanada, le projet Keystone XL. Celui-ci s’étendrait sur plus de 3200 kilomètres à travers le territoire américain, ce qui permettrait de transporter quotidiennement l’équivalent de 500 000 barils de brut. Il fait partie d’un plus vaste projet qui totalise pas moins de 6000 kilomètres de tuyaux et qui ouvrira la porte à des exportations de pas moins de 1,1 million de barils par jour. De quoi aider les Américains à moins dépendre du pétrole en provenance du Venezuela ou du Moyen-Orient, ce que souhaite Washington.

Selon le tracé prévu, le pipeline devrait passer au travers de la nappe aquifère d’Ogallala, qui s’étend sous une partie du Nebraska, du Dakota du Sud, du Colorado, du Kansas, de l’Oklahoma, du Nouveau-Mexique et du Texas. Cette source d’eau est essentielle pour deux millions de citoyens et pour le tiers de l’agriculture américaine.

Bref, il y a de quoi alimenter l’opposition au projet. Il y a quelques mois, le président de la commission de l’énergie à la Chambre des représentants, Henry Waxman, avait dénoncé le projet. «Il va accentuer notre dépendance vis-à-vis de l’une des sources de carburants les plus sales actuellement disponibles», avait-il affirmé dans une lettre envoyée à la secrétaire d’État, Hillary Clinton. Une cinquantaine de membres de la Chambre et 11 sénateurs ont aussi signifié leur opposition au pipeline de TransCanada.

«Ce pipeline menace la sécurité de notre approvisionnement en eau, notre sécurité alimentaire et la sécurité de notre climat, a fait valoir hier Kate Colarulli, du Sierra Club, membre de la nouvelle campagne. La décision qui sera prise est donc un test pour savoir si l’administration Obama tiendra sa promesse de mettre fin à notre dépendance au pétrole et de conduire l’Amérique vers une économie plus respectueuse de l’environnement.»

«C’est plutôt ironique que les États-Unis étudient la possibilité de permettre l’expansion des sales et risqués sables bitumineux alors qu’ils font la promotion de l’énergie propre dans le cadre des négociations internationales sur le climat, a souligné pour sa part Susan Casey-Lefkowitz, du Natural Resources Defense Council. Puisque nous avons des preuves que le Canada tente de miner les efforts américains en faveur de l’énergie propre, nous avons besoin d’envoyer un message clair au président pour lui signifier que les sables bitumineux ne sont pas compatibles avec un avenir basé sur les énergies propres.»

Ces preuves, selon les écologistes, se sont des documents obtenus par l’Institut Pembina et qui démontreraient que le Canada, en partenariat avec l’industrie pétrolière, travaillerait à réduire les prétentions américaines en matière de réduction des gaz à effet de serre.

Chose certaine, selon des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, le gouvernement conservateur joue à fond la carte de la création d’emplois au sud de la frontière afin de vendre l’or noir canadien aux États-Unis.

En mai dernier, le ministre des Ressources naturelles, Christian Paradis, a plaidé en faveur des sables bitumineux en faisant valoir les impacts positifs de ceux-ci pour une économie américaine qui a bien besoin de bonnes nouvelles. Il a ainsi cité les prévisions de l’Institut de recherche de l’énergie du Canada selon lesquelles l’exploitation des sables bitumineux en Alberta permettra de créer 14 000 emplois dans l’État de l’Illinois et 342 000 emplois dans l’ensemble des États-Unis dans les cinq prochaines années.

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