WASHINGTON — Les adversaires très actifs du projet d'oléoduc géant entre les Etats-Unis et le Canada ont remporté une victoire jeudi, avec la décision de l'administration Obama d'étudier un nouveau tracé.
Après des mois de bataille, le département d'Etat a invoqué des inquiétudes concernant des zones naturelles fragiles dans l'Etat du Nebraska (Centre) pour temporiser sur ce dossier controversé, courant sur 2.700 km entre la province canadienne d'Alberta et le Golfe du Mexique.
La région de Sand Hills "comprend une forte concentration de marais fragiles, un écosystème sensible et d'importantes zones de nappes phréatiques peu profondes". C'est elle qui a suscité le plus de commentaires lors de l'étude d'impact et de l'enquête d'utilité publique, admet la diplomatie américaine, chargée de la décision finale dans la mesure où l'oléoduc Keystone XL traverserait une frontière.
Concrètement, la décision finale, qui devait initialement intervenir à la fin de cette année, est repoussée au premier trimestre de 2013, soit bien après l'élection présidentielle américaine de novembre 2012.
Plusieurs ténors de l'opposition républicaine ont aussitôt accusé le président Barack Obama d'avoir pris une décision en ayant seulement en tête sa réélection. John Boehner, le chef de la Chambre des Représentants (députés) a affirmé que M. Obama avait au passage "sacrifié 20.000 nouveaux emplois américains".
M. Obama, lui, a expliqué dans un communiqué qu'il fallait "prendre le temps de s'assurer que l'on a bien étudié toutes les questions", et qu'il en allait "de la santé et de la sécurité du peuple américain, tout comme de l'environnement".
Il a aussi rappelé l'autre enjeu du projet d'oléoduc, "le renforcement de la sécurité énergétique du pays", qui passe notamment par "l'augmentation responsable de la production nationale de pétrole et de gaz".
Keystone XL est au coeur de cette stratégie visant à rechercher des sources non conventionnelles d'hydrocarbures, dans l'espoir d'échapper à la dépendance à l'égard des régions pétrolifères traditionnelles.
Outre les inquiétudes pour l'environnement des régions traversées, l'oléoduc est ainsi décrié en raison de l'origine de l'or noir qu'il transporterait: les sables bitumineux de la province d'Alberta, une source de pétrole qui nécessite une extraction énergivore et productrice d'un grand volume de gaz à effet de serre.
L'ONG Les Amis de la Terre, l'un des opposants les plus actifs à Keystone XL, a envisagé dès jeudi son abandon définitif.
Le "redémarrage" de l'évaluation du projet "est une grande réussite pour le mouvement en faveur du climat et pour les gens se trouvant sur le parcours de l'oléoduc", écrit dans un communiqué Erich Pica, le président de l'association.
Les Amis de la Terre espèrent que ce rebondissement "va mettre fin aux efforts de TransCanada (le consortium maître d'oeuvre, ndlr) pour obtenir cet oléoduc".
Susan Casey-Lefkowitz, directrice du Conseil de défense des ressources naturelles (NRDC), a parlé de "formidable victoire". Comme Les Amis de la Terre, elle a rendu hommage à M. Obama.
Au Canada, l'institut écologiste Pembina a souligné "le fort contraste" entre la décision de Washington et "la promotion active" par le Premier ministre canadien Stephen Harper d'un autre projet d'oléoduc, Enbridge Gateway, qui doit acheminer du pétrole vers la côte Ouest.
Il est significatif que les ONG adressent leurs remerciements à la Maison Blanche. En octobre, elles avaient accusé le département d'Etat - dirigé par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton - de partialité en faveur de TransCanada.
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