mercredi 17 février 2010

Mulcair craint pour l'environnement

"Les préoccupations vont bien au-delà de la région.... (photo Janick Marois)

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"Les préoccupations vont bien au-delà de la région. Dunham est la ligne de front d'une bataille sur la sécurité énergétique de tout le Canada", a indiqué le député Thomas Mulcair. "Du moment que les vannes sont ouvertes vers les États-Unis, il n'y aura plus grand-chose qu'on pourra faire."

PHOTO JANICK MAROIS

Michel Laliberté

Michel Laliberté
La Voix de l'Est



(Dunham) Utiliser les oléoducs de la compagnie Montréal Pipe-Lines pour exporter du pétrole vers le Maine représente des risques environnementaux énormes pour le sud du Québec et aura des conséquences économiques graves pour l'ensemble du pays, estime Thomas Mulcair. Le député et chef-adjoint du Nouveau Parti démocratique exhorte Québec et Ottawa à analyser le projet en profondeur avant de donner son aval.

De passage à Dunham hier matin, M. Mulcair a souligné que les oléoducs que Montréal Pippe-Lines exploitent entre Portland et Montréal ont été construits dans les années 40. Des problèmes de corrosion minent leur sécurité. Dix kilomètres de tuyaux ont été remplacés pour cette raison dans les années 90, a fait remarquer le député d'Outremont. Il craint que le renversement du sens d'écoulement du pétrole provoque des bris dans les oléoducs. "Vous vous imaginez les dégâts pour la nappe phréatique", a-t-il lancé. Il a souligné le fait que les oléoducs passent sous les rivières Missisquoi, Yamaska, Richelieu et le fleuve St-Laurent ainsi que près de quelques lacs, dont le lac Davignon à Cowansville, source d'eau potable de la municipalité.

Le projet de Montréal Pipe-Lines, a ajouté M. Mulcair, est un des éléments clés d'un vaste plan d'exportation du pétrole canadien vers les États-Unis. Tout cela s'inscrit dans la volonté des pétrolières de profiter de l'Accord de libre-échange nord-américain pour vendre du pétrole brut aux Américains. L'ampleur du plan des pétrolières, avertit M. Mulcair, représente une menace pour l'indépendance énergétique du Canada. Des Canadiens travaillant dans l'industrie de la transformation pétrolière perdront leur emploi, prédit-il. Il a donné l'exemple de la fermeture prochaine de la raffinerie Shell dans l'est de Montréal. Les consommateurs canadiens ne seront pas en reste, soutient-il. Ils finiront pas payer leur essence plus cher.

"Les préoccupations vont bien au-delà de la région. Dunham est la ligne de front d'une bataille sur la sécurité énergétique de tout le Canada", a illustré M. Mulcair. "Du moment que les vannes sont ouvertes vers les États-Unis, il n'y aura plus grand-chose qu'on pourra faire."

Motion de l'opposition

Dès la reprise des travaux à la Chambre des communes, a dit M. Mulcair, le NPD s'associera avec le Bloc québécois pour présenter une motion pour exiger que le projet de Montréal Pipe-Lines de construire une station de pompage à Dunham fasse l'objet d'une évaluation environnementale. Les députés néo-démocrates et bloquistes, a-t-il expliqué, tenteront de rallier à leur cause leurs collègues du Parti libéral. "C'est un dossier qui va au-delà de la partisanerie. Nous sommes capables de travailler ensemble", assure-t-il.

La tâche sera difficile de barrer la route aux pétrolières, reconnaît M. Mulcair. Il ne s'attend à aucune aide des conservateurs. Ils les accusent d'ailleurs de jouer le jeu des acteurs de cette industrie. "Le fédéral n'a aucune volonté d'intervenir sur les projets des pétrolières qui veulent exporter du pétrole aux États-Unis."

M. Mulcair espère pouvoir déposer la motion vers la fin du mois de mars.

Parallèlement à cette démarche, des pressions seront exercées sur la ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Line Beauchamps, pour que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement se saisisse du dossier. "La ministre a le pouvoir de demander au BAPE d'analyser le projet", a expliqué M. Mulcair, qui a déjà occupé cette fonction dans le cabinet de Jean Charest.

Pour le maire de Dunham, Jean-Guy Demers, la stratégie des dirigeants de Montréal Pipe-Lines est de minimiser l'importance de la station de pompage. "Notre problème, c'est les oléoducs. Les tuyaux sont usés."

M. Demers a déploré que le représentant de Montréal Pipe-Lines, Guy Robitaille, se soit montré peu intéressé en janvier dernier à répondre aux questions liées aux oléoducs. "Il voulait seulement parler de la station de pompage."

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