Carole Pronovost
Le Journal de Chambly - 23 février 2010
Actualité > Environnement
Le maire Serge Gendron avait préparé une série de questions pour le directeur des opérations de Montréal Pipe-Lines, invité à une soirée d'information publique le 15 février à la salle du conseil municipal de Saint-Césaire. À l'ordre du jour, le projet d'inversion du pipeline Portland-Montréal pour acheminer vers Highwater du pétrole brut en provenance de l'Alberta. Le maire a profité de cette tribune pour demander à la compagnie d'offrir des garanties concrètes de protection des puits d'eau potable… et obtenu en réponse que Montréal Pipe-Lines agit en bon citoyen corporatif et prend ses responsabilités, tant dans les opérations courantes que lors d'accidents susceptibles d'affecter les populations le long du tracé du pipeline.
D'entrée de jeu, le maire a invité l'assistance à laisser à d'autres paliers la discussion sur la pertinence ou non de transporter le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta, pour se concentrer sur l'objectif de la soirée. Celui-ci était de mieux connaître le projet de Montréal Pipe-Lines, d'en comprendre les risques de contamination de l'eau potable et les dangers pour la population. La Ville avait demandé à l'hydrogéologue Yves Aubin, de la firme Laforest Nova Aqua (LNA) d'être présent. «Si ce n'était pas de la proximité de nos puits d'eau potable avec la station de pompage, nous ne serions peut-être pas ici ce soir», insistait M. Gendron.
Guy Robitaille, directeur des opérations, appuyé par une équipe de professionnels impliqués dans le projet, a présenté un montage Power Point préparé expressément pour la rencontre de Saint-Césaire.
Il a d'abord tenu à préciser que Montréal Pipe-Lines est une compagnie canadienne et que le pétrole qui traversera le Canada, via Montréal et la Montérégie vers le port de mer de Portland, ne sera pas nécessairement destiné au marché américain.
«Contrairement à ce qui a été dit, le pétrole pourrait aussi être réacheminé au Canada ou ailleurs. Il ne sera pas uniquement destiné au marché américain. Il sera transporté jusque-là à cause de la présence du port de mer», précisait M. Robitaille.
A alors suivi une présentation plus technique sur l'ensemble du pipeline actuel et sur le projet d'inversion des fluides qui y circulent. Ainsi, c'est le pipeline de 457 mm (18 pouces) qui est visé par le projet. Il a été construit en 1950. Sur le même tracé se trouvent une conduite inutilisée de 12 pouces, construite en 1941, une autre de 610 mm (24 pouces) qui date de 1965, toujours en service entre Portland et Montréal.
M. Robitaille a expliqué le fonctionnement général des installations et les différents systèmes de contrôle qui permettent, a-t-il affirmé, de détecter même de très petites fuites selon une simulation d'accident réalisée l'an dernier à Saint-Césaire. «L'alarme a sonné à Portland malgré une très petite fuite provoquée intentionnellement», a confirmé Ronald Dupuis, l'opérateur responsable du secteur, présent dans la salle. Un central électronique sophistiqué est installé à Portland où un opérateur est en poste 24 heures par jour, sept jours par semaine. À l'intérieur de la conduite se trouvent des équipements de détection des variations de différentes natures qui peuvent survenir, reliés à ce centre névralgique.
Différents types d'inspections visuelles sont aussi programmés sur le terrain, en avion (aux deux semaines), et une inspection interne plus poussée est réalisée tous les cinq ans. L'opérateur de secteur passe à la station de pompage de Saint-Césaire presque quotidiennement.
Une fuite en 1999 à Saint-Césaire
C'est l'opérateur de secteur qui avait détecté une fuite en 1999, causée par un défaut de tubulure à l'intérieur de la station de pompage de Saint-Césaire. L'accident avait tout de même provoqué le déversement de l'équivalent de deux camions citerne et la contamination d'un ruisseau tout près qui se déverse dans la rivière Yamaska.
M. Robitaille en a profité pour rappeler que Montréal Pipe-Lines était intervenue rapidement et qu'en trois jours tout avait été nettoyé à la satisfaction du ministère de l'Environnement, en collaboration avec le Service de sécurité incendie de la municipalité. «Nous faisons des exercices, des simulations pour être prêts à intervenir efficacement lors d'accidents, le plus souvent causés par des agents extérieurs», précisait-il.
Ce à quoi le maire Gendron rétorquait, une étude de l'Office national de l'énergie en main, qu'il y a eu tout de même 32 incidents dans le réseau sur une période de 20 ans, incluant celui de Saint-Césaire, dont 13 par corrosion extérieure et 10 par des fissures dues à une corrosion sous tension.
Reconnaissant que le risque zéro est impossible, il demandait tout de même si la compagnie s'engagerait à assumer la construction de puits d'alertes pour détecter des fuites sournoises à proximité de la station de pompage, du ruisseau et du puits no. 3, une suggestion expliquée par l'hydrogéologue Yves Aubin.
«Ce n'est pas à nous d'assumer ça. Il y a plein d'autres sources possibles de contamination de la nappe d'eau. Nous ne connaissons pas l'état des lieux, le passé et les risques inhérents aux activités en surface par exemple», insistait M. Robitaille.
Le porte-parole de Montréal Pipe-Lines s'est attaché à démontrer que le transport par pipeline est le plus sécuritaire (voir autre texte) malgré les risques inévitables.
Plusieurs élus de Saint-Césaire et des municipalités environnantes ont posé des questions portant sur la sécurité, sur l'existence d'exemples d'inversion de débit dans des pipelines - la réponse est oui - et sur le calendrier de réalisation du projet.
Sur ce point, M. Robitaille a confirmé que rien ne sera en chantier en 2010, bien que les démarches pour l'obtention d'autorisations seront poursuivies, notamment pour la construction du poste de pompage à Dunham. «Actuellement le projet est sur la glace à cause de la crise économique, mais nous voulons être prêts lorsqu'on nous demandera d'aller de l'avant. Une fois lancés, les travaux pour inverser le débit du pipeline dureront environ un an.»
Le maire, content du déroulement mais déçu de la faible participation des citoyens, demeure tout de même sur ses gardes quant à la protection de l'eau potable de sa municipalité.
mardi 23 février 2010
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