mardi 28 juin 2011

La SCEP réagit au démantèlement de la raffinerie Shell de Montréal

Démantèlement des installations de Shell à Montréal: le syndicat s'indigne

06/27/2011

Publié Presse Canadienne
Par Julien Arsenault

MONTRÉAL, Qc -- Les syndiqués de la raffinerie Shell de Montréal-Est ont dénoncé lundi la décision du gouvernement du Québec d'autoriser le démantèlement des installations montréalaises de la pétrolière sans attendre les conclusions de la commission parlementaire sur le sujet.

En entrevue, le porte-parole de la section locale du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP-FTQ), Jean-Claude Rocheleau, s'est dit "indigné" d'avoir appris la nouvelle à travers les médias en début de journée.

"Le gouvernement aurait au moins pu prendre la peine de nous téléphoner pour nous avertir ou d'envoyer une lettre concernant sa décision, a-t-il dit. Tout cela démontre son mépris envers les travailleurs."

M. Rocheleau a également critiqué l'attitude de la ministre des Ressources naturelles Nathalie Normandeau dans ce dossier, affirmant que des démarches étaient en cours depuis plus d'un an et demi afin de sauver les 800 emplois directs de la raffinerie.

"Le minimum aurait au moins été d'attendre les résultats de la commission parlementaire, notamment parce que beaucoup de gens sont venus témoigner et que d'autres ont beaucoup travaillé là-dessus, a-t-il plaidé. Mme Normandeau semblait dire qu'elle attendrait les résultats, mais visiblement, ce n'est pas ce qu'elle a fait. Si j'étais un député qui avait travaillé sur le dossier, je serais outré."

Selon M. Rocheleau, en prenant cette décision, Québec a abandonné les travailleurs de la raffinerie en plus de mettre fin aux espoirs de sauvetage.

"Nous sommes une unité locale et nous n'avons pas les ressources financières pour poursuivre ce genre de combat, a-t-il dit. Quand on se bat contre une multinationale et un gouvernement qui est davantage du côté des pétrolières que des travailleurs, à un moment donné, il faut se rendre compte que les moyens vont finir par manquer."

Mais pour la ministre Normandeau, le temps est venu de tourner la page, les investisseurs n'étant pas au rendez-vous.

"J'aimerais bien que M. Rocheleau nous dise quels sont les investisseurs toujours intéressés par la raffinerie, en juin 2011", a-t-elle déclaré lors d'un entretien avec La Presse Canadienne.

Mme Normandeau a expliqué ne pas avoir attendu le rapport de la commission parlementaire parce qu'elle n'entrevoyait pas de possibilité d'entente dans le dossier.

Mais tout n'est pas perdu pour autant, a fait valoir la ministre.

"La bonne nouvelle là-dedans, c'est que le permis de démantèlement permettra de décontaminer les terrains et donc de rendre certains espaces disponibles pour des investisseurs éventuels sur le territoire de l'Est de Montréal", a-t-elle soulevé.

Le syndicat a également tenu à rappeler que le démantèlement des installations de Montréal-Est se traduira par une diminution de 25 pour cent de la capacité de raffinage du Québec.

"C'est mauvais pour le Québec et mauvais pour son futur économique, puisque l'énergie sera au coeur des discussions de plusieurs pays importants au cours des prochaines années, a estimé le porte-parole de la section locale du SCEP. Nous avions la chance d'avoir des raffineries au Québec, mais on préfère plutôt prendre la décision d'en fermer une et de se niveler vers le bas."

L'argument laisse de glace Mme Normandeau.

"C'est faux de prétendre que la sécurité des approvisionnements au Québec est remise en question. Même si Shell a cessé ses opérations, on a conservé une capacité de raffinage qui excède ce qu'on a besoin comme Québécois. On raffine 40 000 barils par jour de plus que les 360 000 barils que l'on a besoin pour répondre à notre consommation intérieure", a-t-elle dit.

Selon M. Rocheleau, avec le développement à venir du gisement Old Harry, la raffinerie montréalaise de Shell aurait pu contribuer de façon positive à l'économie de la province.

"Ce gisement est une réserve importante de pétrole, mais nous ne serons pas en mesure de le raffiner, faute d'installations adéquates. Les compagnies pétrolières vont envoyer ce pétrole brut dans d'autres pays et le Québec sera forcé de le racheter sur les marchés mondiaux pour s'approvisionner. Il n'y a aucune logique économique dans tout ça.

Plutôt que de maintenir des emplois au Québec, des postes seront créés à l'étranger", a-t-il dit.

Afin d'en arriver à un dénouement différent, le gouvernement du Québec aurait pu forcer Shell à maintenir ses installations à Montréal, croit le porte-parole syndical.

"La ministre Normandeau aurait pu évoquer la Loi sur les produits pétroliers et forcer Shell à conserver sa raffinerie en état. La pétrolière aurait alors probablement décidé de procéder à une vente et c'est certain que des acheteurs auraient sauté sur l'occasion", a-t-il dit.

Selon M. Rocheleau, la raffinerie montréalaise de Shell était rentable et elle possédait toujours un marché plus qu'intéressant. Il s'inquiète maintenant de voir une autre pétrolière procéder à un démantèlement de ses installations au Québec prochainement.

Après le démantèlement de ses installations, Shell utilisera une petite partie de son terrain à Montréal afin d'y loger son nouveau terminal.

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