Stations de pompage de Montréal Pipe-Lines : des lacunes en cas de fuite
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Les stations de pompage de Montréal Pipe-Lines, dont celle de Saint-Césaire (photo), n'ont pas de système pour empêcher du pétrole qui se déverse de migrer vers des cours d'eau, note l'Office national de l'énergie.
PHOTO JANICK MAROIS
Michel Laliberté |
(Dunham) Les stations de pompage de Montréal Pipe-Lines à Saint-Césaire et Highwater ne sont pas équipées de dispositifs de captation en cas de fuite de mazout. Les inspecteurs de l'Office national de l'énergie s'inquiètent de cette situation.
Dans un rapport d'inspection daté du 20 mai et dont La Voix de l'Est a obtenu copie, les ingénieurs de l'ONE signalent que la compagnie ne possède pas de moyens pour empêcher qu'un déversement de pétrole se propage à l'extérieur de ses sites. Si un bris se produisait à l'une ou l'autre des stations, écrivent-ils, aucun «moyen physique» n'existe pour prévenir que le pétrole déversé entre dans des cours d'eau situés à proximité ou qu'il contamine des terrains autour des installations de la compagnie.
Les inspecteurs notent dans leur rapport que des cours d'eau se trouvent dans le sens d'écoulement que suivrait le pétrole. Parmi ceux-ci, signalent-ils, il y a la rivière Sud-Ouest (tributaire de la rivière Yamaska) à Saint-Césaire et un ruisseau menant à la rivière Missisquoi qui traverse le Canton de Potton.
Rappelons que la Ville de Saint-Césaire possède également deux puits dans le secteur de la station de pompage. Ils servent de source d'eau potable pour la municipalité.
L'ONE exige que Montréal Pipe-Lines prépare un plan tenant compte des risques de migration de tout produit vers des cours d'eau situés près des deux stations de pompage. L'entreprise doit soumettre ce plan à l'ONE avant le 31 août prochain.
L'inspection a également permis de constater que Montréal Pipe-Lines n'analysait pas l'eau qui entre en contact avec ses équipements à ses deux stations de pompage avant de l'envoyer dans l'environnement. L'entreprise devra effectuer ces tests et faire parvenir les résultats à l'ONE. Elle devra par ailleurs lui envoyer ses tests de bruit.
Surpris
Jean Binette s'est dit agréablement surpris du travail de l'ONE. Le président du comité d'environnement de Dunham ne s'attendait pas à ce que les ingénieurs de l'organisme critiquent autant Montréal Pipe-Lines. «Je m'attendais à moins que ça. Ça me rassure un peu», a-t-il dit hier après-midi.
Les inspecteurs ont répondu à presque toutes les questions que les maires de Saint-Césaire et du Canton de Potton et les représentants du comité ont posées lorsqu'ils les ont rencontrés le 5 mai, au lendemain de l'inspection. M. Binette s'est également dit surpris de la rapidité de l'ONE à rendre son rapport disponible. «À force de pousser, on finit par obtenir des choses. On a fait un pas en avant.»
Le comité d'environnement de Dunham relancera l'ONE d'ici peu. M. Binette souhaite que les inspecteurs fédéraux passent au peigne fin les rapports d'entretien de Montréal Pipe-Lines.
C'est à la demande des maires de la région et du comité d'environnement de Dunham que l'ONE a procédé à l'inspection des installations de Montréal Pipe-Lines. «Après, on veut les rencontrer à nouveau. On a d'autres questions», a dit M. Binette.
Notons que Montréal Pipe-Lines a refusé qu'un ingénieur mandaté par le comité de citoyens accompagne les inspecteurs de l'ONE lors de leur visite des deux stations de pompage.
Aucun dirigeant de Montréal Pipe-Lines ne nous a rappelés hier.
Opposants
L'absence de systèmes pour capter du pétrole qui fuit des oléoducs de Montréal Pipe-Lines est l'un des principaux arguments des personnes qui s'opposent au projet de l'entreprise de renverser le sens d'écoulement du mazout. Au lieu d'importer du pétrole brut de Portland au Maine vers Montréal, Montréal Pipe-Lines souhaite exporter du pétrole des sables bitumineux vers les États-Unis, en passant par Montréal, la Montérégie, les Cantons-de-l'Est et le Maine. Les opposants estiment que l'oléoduc qui serait utilisé est vétuste et ne résisterait pas à la pression exercée par le renversement de flux.
La station de pompage que Montréal Pipe-Lines veut construire à Dunham pour renverser le sens d'écoulement serait équipée d'un bassin de captation de pétrole en cas d'accident. Ce projet fait l'objet d'une contestation juridique. L'entreprise avait obtenu l'autorisation de la Commission de protection du territoire agricole d'utiliser un terrain agricole pour y construire la station. La décision a cependant été renversée par le Tribunal administratif du Québec puisque Montréal Pipe-Lines n'a pas fait la démonstration qu'aucun autre terrain hors de la zone agricole ne pourrait accueillir la station. Cette décision a depuis été portée en appel devant la Cour du Québec.
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