Oléoduc Montréal-PortlandDes citoyens de Sutton s'inquiètent
Mise à jour le mercredi 14 juillet 2010 à 10 h 46
diffusé le mercredi 13 juillet sur le Téléjournal de RDI-de CBC français
Section rouillée de l'oléoduc |
Ce tuyau fait partie d'un réseau de trois pipelines de 380 kilomètres qui transporte chaque jour 330 000 barils de pétrole de Montréal à Portland, dans le Maine, en passant par les Cantons-de-l'Est.
Le vieil oléoduc de 12 pouces a été installé en 1941 dans le cadre d'efforts de guerre pour assurer au Canada un meilleur approvisionnement en pétrole. Il a été mis hors service en 1984.
L'oléoduc installé en 1941 est désormais condamné. |
Deux autres conduites de 18 et 24 pouces ont été ajoutées respectivement en 1950 et en 1965. Le vieil oléoduc sert maintenant à protéger les deux canalisations actives contre la corrosion par un système de transfert d'oxydation. Ce procédé s'appelle une « anode sacrificielle », en jargon scientifique.
Le professeur au Laboratoire de nouveaux matériaux pour l'énergie et l'électrochimie de l'École Polytechnique de Montréal, Oumarou Savadogo, a des doutes sur le fonctionnement de ce système anticorrosion. « En ce moment, quand il est comme ça, il est très oxydé. Il risque de ne pas être efficace parce que le principe de l'anode sacrificielle, c'est que le matériau sacrifié doit continuer à s'oxyder au fur et à mesure. [sic] »
Jean Binette, technologue en électricité à la retraite et membre du comité de citoyen de Dunham, connaît le fonctionnement des système de protection contre la corrosion. « C'est vrai que ça marche, mais après 60 ans, je serais curieux de découvrir une partie et de voir le 18 pouces et le 24 pouces s'ils sont rouillés. »
Quelques fils sont arrachés ou coupés, mais la compagnie Pipe-lines Montréal explique qu'ils ne servent qu'à prendre des mesures. Elle promet de les réparer sous peu.
Guy Robitaille, directeur des opérations de Pipe-lines Montréal, soutient que le problème du tuyau exposé « n'en était pas un puisque [la conduite de] 12 pouces est hors service depuis 1984. »
Selon l'Office national de l'Énergie, cette conduite doit demeurer enfouie, même si elle est désaffectée. « C'est la compagnie qui doit retourner les conditions acceptables, donc que la conduite soit enfouie à la profondeur minimale », affirme son porte-parole, Marc Pauzé.
Montreal Pipe-lines ltée conteste la profondeur minimale de 60 centimètres. Guy Robitaille soutient que « dans ces années là, les conduites étaient enfouies à moindre profondeur ». Il a ajouté que d'après certains experts, l'oléoduc a une vie utile d'environ 100 ans.
Le pipeline traverse des habitats sensibles et des zones protégées, alors que personne ne peut garantir qu'il n'y aura jamais de déversement.
Il n'y a pas de risque zéro. Par contre, [...] on peut empêcher des incidents. Alors on travaille constamment pour améliorer ce qui peut être fait pour prévenir ces bris-là.
— Guy Robitaille, directeur des opérations de Pipe-lines Montréal
Mobilisation des citoyens
Malgré ces assurances, les citoyens de Sutton ne font pas confiance à la compagnie.
Depuis qu'il est question d'inverser le flot d'un des oléoducs pour envoyer du pétrole albertain vers les États-Unis, des citoyens comme Michel Boulanger, vice-président de la Fiducie du marais Alberbrooke, se mobilisent. « À l'époque, on ne savait pas c'était quoi. On a étudié le dossier puis on sait vraiment [...] le danger potentiel de ce pipeline-là. »
M. Boulanger en a fait la découverte il y a 15 ans, lors d'une randonnée. « Il est plus découvert qu'il était parce qu'il y a une quinzaine d'année, il y avait vraiment qu'un tout petit bout d'exposé. »
À la lumière du déversement de BP dans le Golfe du Mexique, M. Boulanger trouve difficile de croire aux promesses des grandes compagnies pétrolières. Des pétitions circulent dans la région pour demander une enquête environnementale complète sur le projet de Montréal Pipe-lines ltée, la seule mesure qui satisferait les opposants.
D'après un reportage de Denis-Martin Chabot
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire