mercredi 31 mars 2010

Un déversement à Laval fait craindre le pire

Plus de 7000 litres d'essence et de diesel se sont échappés dans

le ruisseau Lapinière et la rivière des Prairies le 26 février dernier.

PHOTO: ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

François Cardinal
La Presse

Le transport de pétrole bitumineux de l'Alberta jusqu'à Portland en passant par Montréal et l'Estrie fait craindre le pire à une coalition de députés, de maires et d'écologistes, qui demandent à Québec de tenir des audiences publiques sur ce projet.

Prenant à témoin le récent déversement de milliers de litres d'essence à Laval, les opposants font valoir les «risques énormes» que comporte l'acheminement de «pétrole sale» et acide dans un oléoduc datant de 1950.

Le déversement en question a eu lieu le 26 février dernier sur le terrain de la prison Saint-François à la suite du bris d'un joint d'étanchéité dans un oléoduc appartenant à Trans-Northern Pipelines. Plus de 7000 litres d'essence et de diesel se sont échappés, principalement dans le ruisseau Lapinière et la rivière des Prairies.

Bien que le ministère de l'Environnement assure que la «presque totalité» des hydrocarbures sera récupérée d'ici à la fin des travaux, le mal est fait, estime la coalition.

«Voilà précisément ce que nous craignons, lance le député bloquiste de Brome-Missisquoi, Christian Ouellet. Ce genre d'accident survient régulièrement, voire fréquemment lorsqu'il y a inversion du débit dans un pipeline : la pression n'est plus la même, des zones de fragilité se révèlent, etc.»

M. Ouellet cite le cas d'un autre déversement, survenu à Saint-Césaire en 1999, également après une inversion de flux. Les équipements appartenaient à Pipe-lines Montréal ltée, l'entreprise qui, justement, veut construire une station de pompage à Dunham afin d'acheminer le pétrole de l'Ouest canadien vers l'Est américain.

À l'heure actuelle, le pipeline envoie le pétrole du port de Portland jusqu'aux raffineries de l'est de Montréal. La future station permettrait, dans le cadre du projet Trailbreaker, d'inverser le débit afin que le pétrole s'écoule de l'Alberta jusque dans le Maine.

Après avoir obtenu le feu vert de la Commission de la protection du territoire agricole, Pipe-lines Montréal ltée a déposé une demande d'autorisation au ministère québécois de l'Environnement. Le dossier est actuellement en suspens parce qu'un citoyen conteste la décision de la Commission devant le Tribunal administratif du Québec. La cause sera entendue à la fin du mois d'août.

«Certes, nous sommes opposés au projet, mais nous demandons d'abord que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) soit mandaté pour l'étudier, précise Laurent Busseau, résidant de Dunham. Qui nous dit qu'un accident comme celui de 1999 ou celui de Laval ne se produira pas ?»

En attendant la décision du Tribunal, le gouvernement Charest poursuit sa réflexion quant à la tenue éventuelle d'audiences publiques. «La ministre (Line Beauchamp) est hypersensible aux arguments des maires, a indiqué son porte-parole, Dave Leclerc. Nous continuons l'analyse du dossier.»

Rien n'est toutefois gagné pour les députés du Bloc et du Parti québécois, les écologistes de Nature Québec et d'Équiterre ainsi que les maires de la région. Québec n'est nullement obligé de tenir des audiences avant de délivrer son certificat d'autorisation, étant donné qu'il ne s'agit que de l'ajout d'un «bâtiment» à un oléoduc existant. Quant au renversement du débit, c'est une question qui relève de la compétence fédérale, nommément de l'Office national de l'énergie.

De toute façon, les résidants de la région n'ont absolument rien à craindre, sauf la désinformation des opposants au projet, estime le directeur des opérations de Pipe-lines Montréal, Guy Robitaille.

Ce dernier se désole qu'autant de choses puissent être dites sans fondement. Il note par exemple que la pression maximale permise dans l'oléoduc ne changera pas et que ce dernier, grâce à un entretien régulier, n'a montré aucun signe d'usure depuis son implantation il y a 60 ans.

«Quant on compare les pipelines aux convois ferroviaires et aux camions-citernes, on constate qu'ils constituent le moyen de transport de pétrole le plus sécuritaire en Amérique du Nord», dit-il.

1 commentaire:

  1. Si ce n'est pas le projet Trailbreaker qui va vouloir utiliser à l'inverse le pipeline de Portland à Montréal, ce sera le projet "Pipeline St-Laurent d'Ultramar"

    Est-ce que c'est mieux à votre idée?

    France

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